La fabrication de chaises en bois vert

Dans la tradition rurale, les chaises, ainsi que beaucoup d’autres objets, étaient fabriquées à partir de bois vert. C’est à dire que l’artisan démarre le travail avec du bois fraîchement abattu dans sa forme naturelle, plutôt que de travailler avec du bois sec de sciage. Ce concept étonne souvent nos contemporain(e)s, mais en réalité il n’est pas très différent du travail du bois sec. Là aussi, la première transformation du bois, le sciage, se fait toujours avant le séchage de la grume pour éviter que celle-ci se fende et/ou se dégrade par l’action des champignons et des insectes. On peut donc dire qu’il y a toujours une partie du travail qui est effectuée quand le bois est encore vert, ou en tout cas avant qu’il ne soit sec. La proportion peut être différente selon les métiers : une charpente peut être taillée et assemblée entièrement dans du bois vert, mais pour la menuiserie ou l’ébénisterie, le séchage des bois sciés peut prendre parfois des années.

Le chaisier traditionnel fait le débitage initial lui-même. Après avoir scié les sections de l’arbre qui conviennent, les bûches sont fendues plutôt que sciées en longueur pour obtenir les sections nécessaires.

L’aubier de ce billot de chêne commence déjà à se dégrader mais le bois de cœur est encore bien frais.
Ici du chêne rouge bien frais et d’excellente qualité. Les sections droits et sans nœuds sont sélectionnées.
Le départoir permet de fendre avec précision. La fente est un moyen rapide pour le débitage en longueur, surtout tant que le bois est assez vert. Une fois sec, le bois se fend plus difficilement.
Le façonnage des composantes de la chaise peut se faire ensuite sur le banc d’âne à la plane, ou sur le tour à bois, comme c’était souvent le cas dans le passé. Cette étape aussi demande bien moins d’efforts tant que le bois est frais.
Dans un premier temps je finis les pieds et les barreaux en sections octogonales.
Le cintrage à l’aide de vapeur fonctionne très bien aussi sur du bois vert débité par la fente. Cette technique, qui respecte le fil du bois, limite les cassures pendant le cintrage, et les sections peuvent être moins importantes pour une solidité supérieure par rapport à du bois de sciage.
Avec cette préparation initiale de toutes les composantes de la chaise se termine la partie où l’on travaille le bois encore vert. Cette étape peut être considérée comme l’équivalent du travail du scieur (qui, lui aussi, est un artisan du bois vert !) dans le travail du bois conventionnel. L’assemblage et la finition de la chaise se font une fois que le bois est sec, ou presque. Le prochain article traitera de la suite du travail en bois sec.

6 réflexions sur “La fabrication de chaises en bois vert

    1. Bonjour Fanny,
      Merci beaucoup pour ton retour.
      D’autres personnes ont également exprimé le désir d’apprendre à construire des chaises à partir de bois vert, et je réfléchis pour trouver la formule et l’endroit pour offrir cette possibilité, parce chez moi je n’ai pas beaucoup de place…

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      1. Bonjour Peter,
        C’est Guido qui t’as contacté récemment. Tu as besoin de combien de mètres carrés et pendant combien de temps pour un stage de chaises ?
        Merci,
        Guifi6

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      2. Bonjour Guido,
        L’organisation d’un tel stage est un peu compliquée. Pour faire un stage de chaises il faut un lieu qui convient, mais aussi un certain nombre de bancs d’ânes, quelques tours à perche, un four de séchage pour permettre de finir les chaises en 5 ou 6 jours et aussi du bois vert de bonne qualité en suffisance. Vu l’investissement en matériel et en outillage, faire un seul stage de fabrication de chaises ne serait pas très rentable. Il me faudrait un endroit plus ou moins permanent. Affaire à suivre… 😉

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